Tout le monde a entendu parler du phare, immense et rayonnant annonçant la cité antique d'Alexandrie. Comme une étoile sur la mer, une lumière attirant les papillons de nuit égarés, un feu miroité dans le cile pour éviter les écueils et montrer la bonne passe, le bon chenal aux visiteurs étrangers !

Elève d'Aristote, le jeune Alexandre avait su repérer le site et préssenti l'enjeu. Alors même sa mort brutale n'avait pas annulé le grand projet d'une cité universelle, d'une cité des arts, des sciences et des esprits rapprochés ! Une cité de la tolérence et du partage autour des livres, sous la protection des Muses, à l'ombre de grands arbres et de frondaisons parfumées....Dans la cité d'Alexandrie on était le bien venu, de tous les horizons, de toutes les couleurs et dans tous les constumes, on était accueilli, avec respect.

Carrefour culturel, creuset de réflexion et espace de travail partagé. Même en ces temps où l'esclavage existait et où les inégalités pesaient très lourd particulièrement entre les hommes et les femmes, on dépassait sans cesse les limites et les bornes pour progresser. Le phare le plus haut et la lumière la plus forte pour provoquer le ciel et les ténébres. La bibliothèque où les scribes esclaves apprenaient plus vite que leur maître et où les maîtres portaient leurs élèves bien au dessus de leur propre culture...

Que sommes nous devenus, aujourd'hui si petits et si effrayés par nos propres ombres, à refermer nos coeurs et effacer nos noms sur nos portes blindées. Murs, caméras, digicodes et vertige grandissant face à tout ce qui nous surprend ! Plus aucun phare sinon ceux de la police partout pour arrêter les oiseaux migrateurs, voyageurs sans papier, mémoires presque effacées.....

Que serions nous sans tous les passe-muraille de l'Histoire, sans tous les funambules des fils électrifiés, sans toutes les mains ouvertes qui ont toujours voulu travailler ?

Nous qui n'avons plus que l'idée de fermer chez nous tous les emplois qui tenaient notre Humanité digne et debout !